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Entreprendre en France : si l’on passait enfin à l’acte ?

Entreprendre en France : si l’on passait enfin à l’acte ?

Le Labex Entreprendre vient de publier le GEM France, rapport national du Global Entrepreneurship Monitor sur l’activité entrepreneuriale et son écosystème. Malgré les politiques incitatives et la bonne image des entrepreneurs dans la population, l’intention d’entreprendre plafonne dans la « start-up nation ». Le décalage entre le discours et les actes est encore plus marqué en matière d’engagements sociaux et environnementaux.

Le Labex Entreprendre (équipes de l’Université de Montpellier et de Montpellier Business School) a mené deux études, l’une auprès de la population (Étude APS), l’autre auprès d’experts (Étude NES) pour analyser les activités et les attitudes entrepreneuriales des Français durant l’année écoulée. Les auteurs du rapport émettent des préconisations à l’attention des décideurs politiques afin d’améliorer la culture entrepreneuriale dans le pays et, notamment, d’aider les dirigeants d’entreprises à agir concrètement en matière de RSE.

L’entrepreneuriat au quotidien, le retard français

Le rapport GEM France recommande de poursuivre l’effort de sensibilisation de la population à l’entrepreneuriat, en particulier auprès des jeunes générations au travers d’assises de l’éducation entrepreneuriale au niveau du primaire et du secondaire. Car l’écart est grand entre l’image d’une France entreprenante, FrenchTech en tête, et l’entreprise au quotidien, entre l’intention de créer (16,9%), les créations (7,7%) et la pérennité des entreprises émergentes. Ainsi, la France se situe en dernière position des pays du G7 pour la part des entrepreneurs établis dans l’ensemble de la population (3,6%).

Entrepreneuriat féminin : pour un plan d’action national

Bon point pour la France : les différences entre entrepreneuriat masculin et féminin sont les plus faibles des pays du G7. La France est toutefois en retard par rapport à d’autres pays pour le taux d’entrepreneures établies qui ne se situe qu’à 2,9% contre 7,6% aux États-Unis ou 6,6% au Canada. D’autre part, les femmes semblent avoir toujours tendance à se dévaloriser : elles se perçoivent moins compétentes que les hommes pour démarrer une nouvelle entreprise (42,3% vs 54,9%), sont moins nombreuses à estimer qu’il existe de bonnes opportunités d’affaires autour d’elles (47,9% vs 56,3%) et déclarent une peur de l’échec plus importante (53,1% vs 46,3%). Le Labex Entreprendre recommande de s’appuyer sur les acteurs de l’accompagnement et sur le monde de l’éducation pour faire évoluer les représentations au niveau sociétal. Un plan d’action national permettrait d’atteindre la parité en 2030.

Entrepreneuriat durable : il faut changer de paradigme !

Les enquêtes menées auprès des entrepreneurs français sont édifiantes sur la prise en compte des enjeux du développement durable. Car si les entrepreneurs émergents et établis y sont très sensibles et si plus de la moitié (51,4%) d’entre eux déclare donner la priorité à l’impact social et/ou environnemental avant la rentabilité ou la croissance, les actes ne sont pas à la hauteur du discours. Non seulement seuls 24% des entrepreneurs émergents et 49% des établis mettent en œuvre des actions pour minimiser leur impact sur l’environnement, mais surtout  14,2% des émergents et 26,1% des établis agissent effectivement sur le plan social, ce qui place la France en dernière position des pays du G7. Pour le Labex Entreprendre, « l’enjeu n’est pas tant de sensibiliser au développement durable, mais d’accompagner les entrepreneurs dans la mise en œuvre d’actions concrètes ayant un impact social et environnemental, et ce dès la phase d’émergence. »

Entreprendre est bon pour la santé

Malgré la pandémie de Covid, la création d’entreprise a battu un nouveau record. Près de 2/3 des entrepreneurs émergents (64,8%) affirment d’ailleurs que la crise sanitaire n’a pas rendu la création plus difficile. Ils ont cependant moins perçu l’efficacité du « quoi qu’il en coûte » gouvernemental que les entrepreneurs établis (42,7% vs 53,9%), ces derniers exprimant même de l’optimisme vis-à-vis de la croissance. Interrogés sur l’échelle de santé perçue, les entrepreneurs se sont déclarés en bonne santé. Les entrepreneurs émergents sont 49,2% à se déclarer en très bonne ou excellente santé, sans doute un effet de l’euphorie du créateur. Compte tenu du risque de burn-out mis en évidence par l’Observatoire Amarok en 2020 et 2021, le Labex Entreprendre recommande aux pouvoirs publics de prendre en compte la question de la santé dès la phase d’émergence puis de permettre aux entrepreneurs d’évaluer régulièrement leur santé avec des outils numériques.

Les cinq préconisations du Labex Entreprendre

Poursuivre l’effort de sensibilisation à l’entrepreneuriat

Faciliter l’accès au marché des nouvelles entreprises

Faire de l’entrepreneuriat féminin un plan d’action national

Encourager la prise en compte des enjeux du développement durable

Promouvoir la santé entrepreneuriale


À PROPOS DU GEM
Ce rapport marque le retour de la France au sein du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) après plusieurs années d’absence. Le GEM est la plus importante étude internationale en matière d’entrepreneuriat. Elle est menée chaque année dans plus de 60 pays et a pour objectif d’analyser les activités et attitudes entrepreneuriales de la population durant l’année écoulée.

L’équipe GEM France :

Frank Lasch, Karim Messeghem et Justine Valette

Responsables scientifiques 
Frank Lasch, Montpellier Business School, LabEx Entreprendre
Karim Messeghem, Université de Montpellier, LabEx Entreprendre  
Responsable traitement des données 
Justine Valette, Université de Montpellier, LabEx Entreprendre 
Membres de l’équipe 
Sophie Casanova, Université de Montpellier, LabEx Entreprendre 
Jean-Marie Courrent, Université de Montpellier, LabEx Entreprendre 
Walid Nakara, Montpellier Business School, LabEx Entreprendre 
Sylvie Sammut, Université de Montpellier, LabEx Entreprendre 
Roy Thurik, Montpellier Business School, LabEx Entreprendre 
Olivier Torrès, Université de Montpellier, Montpellier Business School, LabEx Entreprendre 
Dorian Boumedjaoud, EDC Paris, LabEx Entreprendre 

À PROPOS DU LABEX ENTREPRENDRE
Le LabEx Entreprendre est un laboratoire d’excellence créé en 2011 à l’Université de Montpellier dans le cadre du programme Investissements d’Avenir (PIA). IL est le seul laboratoire d’excellence en France dans le domaine « Droit, Economie, et Gestion », spécialisé en entrepreneuriat, PME et TPE. Il regroupe quelque 200 chercheurs, issus de 6 laboratoires dans ces 3 disciplines, dans le cadre d’un partenariat entre plusieurs établissements d’enseignements supérieur et de recherche (Université de Montpellier, Montpellier Business School, institut Agro Montpellier, AgroParisTech, Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes) et organismes de recherche (Centre national de la recherche scientifique, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Le LabEx Entreprendre a pour mission de produire de la connaissance sur l’acte d’entreprendre et la gestion des entreprises de petite taille. 


Contact presse : Karine Baudoin, 06 30 08 42 14.

Karine Baudoin